Un matin, au détour d'une conversation avec un collègue ami dont j'apprécie l'ouverture d'esprit et la saine curiosité, je lui confie que je suis "croyant" - je crois en Dieu !
Ce n'est pas une croyance, d'ailleurs je préfère dire une conviction, que je partage souvent, bien au contraire. Comme il s'agit de ce que je considère être le plus précieux dans ma vie, ma plus grande richesse et ce qui m'est le plus cher, je ne l'expose pas à tout bout de champ. Pour moi, c'est sacré ; cela ne m'intéresse pas de le livrer aux sarcasmes et au dédain.
Là, je savais que ce ne serait pas le cas, mais à vrai dire ma confession n'était pas le fruit d'une réflexion ; je me sentais en confiance dans l'échange, donc c'était sorti spontanément... Mais
sa surprise me surprit ! J'ai si peu l'habitude de partager cela que j'oublie combien ce qui est une tranquille évidence pour moi ne l'est pas pour d'autres. Il me demanda alors, sans ironie
aucune, juste pour essayer de comprendre, comment je pouvais concilier ma formation scientifique, mon esprit scientifique qu'il connaissait, avec le fait de croire en Dieu. Cela lui paraissait
totalement incompatible. Pour mon ami, croire en Dieu n'était pas rationnel !
Voilà une question passionnante pour moi. Et un sujet que je considère comme essentiel, tellement je trouve triste de se couper de la richesse d'une foi vivante et libre, simplement à cause d'une
notion erronée de Dieu.
La principale responsabilité en incombe bien sûr à tous ceux qui ont depuis des millénaires propagé cette fausse image de Dieu, tout en prétendant le servir, donc à la religion. Beaucoup de personnes rejettent Dieu parce qu'elles rejettent la religion. Ou les adeptes de ces religions. Mais Dieu, ce n'est pas la religion ! Si Dieu existe, il n'est pas responsable de ce que les hommes ont fait de lui, soit par ignorance soit par ambition terrestre. Pourquoi alors jeter le bébé avec l'eau du bain ? L'erreur des non-croyants est ainsi de trop croire... trop croire les croyants ! Ce n'est pas tant en Dieu qu'ils ne croient pas ; ils ne croient juste pas ce que les croyants croient de lui ! Mais ce faisant, ils tombent alors dans le même piège qu'ils reprochent souvent aux croyants : la paresse d'esprit, puisqu'au lieu d'examiner en profondeur pour se construire par eux-mêmes une notion de Dieu plus judicieuse, ils acceptent juste la vision simpliste qu'en donnent les croyants des religions, pour aussitôt la rejeter sans plus, sans creuser davantage pour voir quelle pourrait en être la part de vérité.
Chacun est bien sûr absolument libre pour moi de croire ou de ne pas croire, mais si tout le monde avait une notion de Dieu plus naturelle, moins fantastique, telle celle que je veux vous partager ici, je suis sûr que l'idée "Dieu" susciterait bien plus d'adhésion, et surtout de réelle conviction, qu'actuellement !
Laissez-moi donc vous parler de mon Dieu...
Allez dans la nature ! Posez-vous au bord de la mer, en pleine campagne ou mieux au milieu des bois, et contemplez le spectacle de la nature, ou plutôt laissez-vous toucher, pénétrer, imprégner par sa présence, par son énergie, sa vibration...
Il y a bien une FORCE à l'œuvre ici, cette mystérieuse force de vie maintenant tout constamment en mouvement, poussant toujours tout à l'évolution, y compris dans la décomposition avant de repartir pour un nouveau cycle.
Il y a bien un ORDRE aussi, généré et soutenu par des lois, rigoureuses et immuables, que l'on peut appeler sans choquer personne "les lois de la nature" ou "les lois de l'univers".
C'est le propre des sciences d'étudier ces lois ; de les révéler, de les comprendre, puis de les mettre en pratique, donc de s'y conformer. Car rien ni personne ne peut éviter ces lois naturelles, chercher à aller contre leur courant revient à courir à la catastrophe inévitable. La devise anarchiste "Ni dieu ni maître" est ainsi totalement ridicule, car même le plus forcené des anars est indéfectiblement soumis à ces lois et, malgré toute sa volonté contestataire, s'écrasera inéluctablement au sol s'il saute d'un avion sans parachute !
Tous autant que nous sommes, nous sommes entièrement dépendants de et assujettis à ces lois. Que nous le voulions ou non, si nous voulons perdurer, nous sommes obligés de leur obéir, obligés de les servir ! Obéir, servir... Oh, que nous n'aimons pas ces mots, nous qui nous croyons les maîtres du monde et qui voudrions que tout nous soit dû... Mais c'est pourtant ici pour notre propre bien ; sinon c'est la ruine assurée !
Y a-t-il pour l'instant quoi que ce soit d'irrationnel dans mes propos ? Non ? Alors pourquoi ne pas aller plus loin ? Quelle différence cela ferait-il dans les effets, si je voulais parler maintenant de "lois de la création" plutôt que de "lois de l'univers", de "lois divines" plutôt que de "lois naturelles" ? Si je parle de me conformer à la volonté de Dieu qui s'exprime dans les Lois de sa création, ou bien de m'insérer au mieux dans l'ordre cosmique dont témoignent les lois de la nature et les lois de la physique ? La différence des termes utilisés cherche à opposer les deux convictions, mais à la base, ce vers quoi pointent ces deux façons différentes de s'exprimer, est-ce différent ? Qu'est-ce qui vous empêcherait de me rejoindre, au moins sur ce point, dans cette terminologie religieuse, si ce n'est d'autres considérations négatives que la notion de Dieu vous évoque, mais que je pourrais peut-être tout à fait vous éclaircir de la même façon ?
Qu'il soit clair que je ne vous impose pas mes appellations (et d'ailleurs je les utilise peu moi-même publiquement, ces notions ayant été trop galvaudées), mais si vous vous accordez sur les deuxièmes formulations et moi sur les premières, sachez que pour moi nous parlerons exactement de la même chose ! Nous pourrions alors échanger avec richesse sur la vérité du fond qui nous unit, sans nous laisser diviser par la forme différente en surface...
Je sais bien que cela ne suffira pas à convertir les sceptiques ou réfractaires à la notion de Dieu, mais c'est une première approche pour vous faire comprendre pourquoi, pour moi, ce qui n'est pas rationnel, ce n'est pas de croire en Dieu, c'est de NE PAS croire en Dieu ! Croire en Dieu est plus scientifique et plus logique que vous ne le pensez !
Et l'air de rien, nous touchons justement là ce qui empêche principalement croyants et non-croyants de se rejoindre, la fausse conception qui a créé un gouffre béant et infranchissable entre eux. Car en vérité, ce qui empêche surtout les non-croyants de croire en Dieu est cela même que les religions et leurs croyants ont toujours cherché de façon erronée à mettre en avant : ce qui empêche les uns de croire en Dieu est le fait par les autres de croire - et faire croire - en des actes arbitraires de la part de Dieu, en des choses antinaturelles de sa part ! (Voir par exemple les dogmes liés à la vie de Jésus) Ainsi, alors que Dieu a créé la nature de toutes choses, il ne respecterait pas lui-même son œuvre ? Quel serait ce dieu qui ne pourrait créer une œuvre structurellement ordonnée et parfaite dès l'origine et agirait à l'encontre de ses propres lois par la suite ? Quelle serait la légitimité d'un tel dieu créateur ? Dieu bien imparfait, il ne serait pas crédible et ne mériterait certes aucune vénération, et absolument pas de prétendre à la qualification de "Dieu", qui ne peut et ne doit être réservée qu'à la Perfection elle-même ! C'est d'ailleurs pour cette raison, inconsciemment, que beaucoup se considèrent non-croyants, car toute image d'un dieu déficient ou caricatural ne peut résonner avec "l'intuition de Dieu" qu'ils portent malgré tout au fond de leur cœur.
Or le drame est que nous avons été formatés religieusement, avec notre propre consentement ravi en plus, à croire en un dieu magique ! C'était tellement plus commode pour nos esprits paresseux ! Je vais me confesser, et je suis aussitôt absous de mes péchés. Je crois en Jésus sans plus, et j'irai au paradis. Même les non-croyants adhèrent inconsciemment à cette "pensée magique" dans leurs arguments athéistes ! Si Dieu existait vraiment, il supprimerait la souffrance ; s'il y avait vraiment un Dieu, le mal n'existerait pas... Etc. Mais qui est à l'origine du mal ? Dieu ou l'homme, de par la mauvaise utilisation de sa libre volonté ? Et gageons que ceux qui réclament le plus vivement un dieu plus ingérant dans ces circonstances seraient les premiers à protester si ce dieu voulait tout à coup leur retirer leur libre arbitre, ainsi qu'à toute l'humanité ! (Qu'ils se rassurent, ce n'est pas possible, car contraire aux Lois originelles.)
Nous voudrions, nous exigeons même, que Dieu soit à notre disposition dès que nous en avons besoin, pour éliminer tous nos problèmes sans effort de notre part, pour rattraper lui-même toutes nos erreurs... Est-ce donc ainsi qu'un parent se comporte avec ses enfants dans le cadre d'une bonne et saine éducation ? Si les parents n'éduquent pas ainsi leurs enfants, et à juste titre, en quoi Dieu devrait-il se montrer moins responsable vis-à-vis de ses propres créatures, qu'il aime tout autant et pour lesquelles il veut aussi le meilleur ?
Je suis sûr que certains seront déçus de cette conception et se demanderont "à quoi ça peut bien servir alors de croire en un tel Dieu"... Mais, comme pour l'enfant qui découvre que le père Noël n'existe pas, il s'agit avant tout ici de grandir, de devenir adulte spirituellement, de ne pas rester des Peter Pan spirituels ! Tout comme, dans son développement psychologique normal, l'enfant doit passer par une période de "pensée magique"(*), mais doit ensuite l'abandonner pour continuer à évoluer sainement et librement dans son existence, nous devons désormais cesser de croire en des choses impossibles spirituellement et matériellement, et gagner ainsi, enfin, en véritable maturité spirituelle.
Mais ne tombez pas pour autant dans la conception opposée d'un Dieu distant et indifférent, qui ne pourrait rien pour nous après nous avoir créés, qui nous aurait abandonnés, sans aide, dans la Création ! Tout ce que j'ai écrit ici, dans mes chroniques et autres textes, fruit de mes expériences vécues, peut amplement témoigner du contraire ! Car l'Aide est aussi bien sûr contenue dans les Lois divines, de par l'Amour de Dieu, mais elle se manifestera toujours de façon naturelle, et non magique ; on pourrait presque dire "ordinaire", même si, de par notre ignorance des Lois uniquement, cela peut parfois nous paraître extra-ordinaire ou sur-naturel (on parle alors de "miracle", mais le miracle n'est toujours que du naturel incompris). Il n'y a jamais quoi que ce soit qui ne soit pas naturel ! C'est dans la nature des choses que toutes les choses soient naturelles ! Et c'est en cette parfaite simplicité que réside en vérité leur beauté ! Seul l'homme peut perturber cet équilibre naturel, en dénaturer l'harmonie, en déformer la connaissance.
Finalement, quels seraient les prérequis fondamentaux pour pouvoir croire en Dieu ? Quels sont les postulats essentiels à poser le concernant, qui pourraient être approuvés et partagés par tous ?
Pour moi, ils sont au nombre de TROIS :
Dieu est Parfait.
Dieu est Amour.
Et le grand oublié et méconnu : Dieu est Justice.
[On retrouve là la Trinité ou Tri-Unité : "Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit"]
C'est ce savoir qui a formé ma conviction spirituelle, et je ne pourrais plus du tout croire en Dieu si je venais à douter d'un seul de ces trois principes premiers. Et je suis convaincu que chaque être humain partage également au fond de lui ces trois postulats pour pouvoir croire en Dieu. Le fait qu'il croie ou ne croie pas sincèrement en Dieu dans sa vie dépend uniquement du fait d'avoir réussi ou non à trouver pour lui-même une vue d'ensemble cohérente et convaincante de la "Mécanique divine" dans la Création, qui passe absolument par une connaissance, puis une compréhension vivante des Lois divines qui y sont à l'œuvre. Car Dieu nous parle par ses Lois, si nous nous efforçons de les reconnaître puis de les écouter ! Et suivre et aimer ces Lois, c'est aimer Dieu - et être heureux !
Ces Lois naturelles sont bien sûr reconnaissables, dans leurs dernières ramifications les plus denses, ici sur notre plan terrestre, où elles peuvent être "lues" dans la nature, mais elles parcourent aussi uniformément toute la Création de haut en bas depuis l'Origine, des plans les plus supérieurs jusqu'aux plans les plus matériels (car "ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas"). Ce sont elles qui déterminent notre destinée ! Voilà pourquoi apprendre à les comprendre ici-bas et s'insérer avec gratitude dans leurs rouages, en les reconnaissant à tous les niveaux comme de vraies amies, est indispensable pour nous permettre de poursuivre notre chemin spirituel joyeusement et en toute sécurité.
Je me contenterai juste pour l'instant de citer trois de ces grandes Lois universelles, les plus importantes, avec leur correspondance naturelle la plus visible : la Loi de la pesanteur ("Plus c'est lourd, plus ça descend ; plus c'est léger, plus ça monte"), la Loi de l'attraction du genre semblable (ou loi des affinités : "Qui se ressemble s'assemble") et la Loi de réciprocité des effets (ou loi de cause à effet = loi du karma : "On récolte ce que l'on sème"). Comme vous le voyez, aucune obscure mystique ici. Lois naturelles et bon sens vont toujours de pair.
(*) "La pensée magique se définit comme une forme de pensée qui s'attribue ou attribue à autrui le pouvoir de provoquer l'accomplissement de désirs, l'empêchement d'événements ou la résolution de problèmes sans intervention matérielle." (Wikipédia)